Fourmi magnum


La Fourmi magnum Tapinoma magnum est originaire de la zone méditerranéenne et colonise progressivement l’Europe. Elle a été introduite depuis une vingtaine d’années dans différents pays via le commerce de végétaux en pots issus du bassin méditerranéen, notamment des oliviers (le nid est transporté avec la motte de terre de l’arbre).

Biologie

Identification

Les fourmis sont des Hyménoptères comme les abeilles, guêpes et frelons. Pour identifier la Fourmi magnum, plusieurs caractéristiques sont à prendre en compte :

  • les individus sont entièrement noirs ;
  • ils sont de taille différente au sein de la même colonie et peuvent mesurer entre 1 et 5 mm ;
  • lorsqu’ils sont écrasés entre les doigts, les individus sentent une odeur forte de « beurre rance » très reconnaissable contrairement à d’autres fourmis locales qui ne sentent rien ou qui sentent le vinaigre.

Même si ces trois critères sont réunis, il existe des risques de confusion car d’autres espèces locales du genre Tapinoma sont présentes et très ressemblantes. Une identification par un spécialiste est nécessaire sur la base d’individus collectés.

Organisation des colonies

Ces insectes forment des colonies (ou fourmilières) plus ou moins complexes. Certaines espèces peuvent s’organiser en supercolonies composées de plusieurs centaines de millions d’individus répartis en plusieurs milliers de fourmilières reliées les unes aux autres. C’est le cas de la Fourmi magnum qui peut former des colonies abritant 20 millions d’ouvrières et plusieurs dizaines de milliers de reines. Ses nids sont souterrains, on les trouve dans la terre, dans les interstices des trottoirs, dans les fissures des murs ou encore sous des matériaux posés au sol (dalles, pavés, bois, etc.), mais toujours dans des zones bien ensoleillées et végétalisées. On les qualifie d’opportunistes car elles colonisent tous types de secteurs fortement anthropisés comme les parkings, les jardins, les cimetières ou les bords de route. Ces milieux, considérés comme dégradés et présentant souvent une très faible biodiversité (avec peu voire pas de concurrence), facilitent l’installation et le développement de colonies pouvant alors s’étendre sur plusieurs milliers de mètres carrés, notamment dans les zones villas offrant de grands secteurs favorables et continus. Les ouvrières forment des monticules sablonneux à l’entrée des nids et créent des colonnes d’individus entre les nids et les zones de nourriture. Ce comportement est caractéristique de l’espèce. Les ouvrières sont d’ailleurs capables de se déplacer à plus de 30 mètres autour du nid (Gouraud & Kaufmann, 2022).

Cette organisation constitue un avantage compétitif sur les espèces locales, notamment pour les ressources alimentaires. La Fourmi magnum est omnivore mais affectionne particulièrement les substances sucrées d’origine végétale (nectar, fruits) ou animale (miellat issu de l’élevage de pucerons par les fourmis). Elle consomme également des invertébrés vivants ou morts (parfois de petits vertébrés). Elle résiste aux basses températures et est active et visible quasiment toute l’année contrairement aux fourmis locales.

Impacts

Impact écologique

La Fourmi magnum est nuisible pour les autres fourmis indigènes notamment (parce qu’elle accapare les ressources alimentaires) et également pour les invertébrés terrestres dont elle se nourrit (Gourraud & Kaufmann, 2022). Son abondance et son intense activité peuvent occasionner une forte gêne pour les jardiniers et les usagers des espaces envahis (parcs, écoles, habitations…). En effet, les ouvrières sont agressives lorsqu’elles sont dérangées et mordent violemment (sans dangerosité toutefois). Enfin, elles peuvent causer indirectement des dommages aux arbres fruitiers en élevant de grandes quantités de pucerons qui s’attaquent aux arbres.

Moyens de lutte

Prévention

Le premier (et le meilleur) moyen de lutter contre cette espèce est d’éviter son installation :

  • En tant que jardinier/paysagiste : contrôler régulièrement la présence de fourmis à la réception, avant le transport ou après le stockage de plantes en pots, de matériaux et de terre, pour éviter le déplacement d’une colonie ;
  • En tant que producteurs/vendeurs de végétaux : contrôler régulièrement à l’intérieur et les abords des bâtiments et des serres. Vérifier les pots dès leur réception et avant leur transport ;
  • En tant que particulier : contrôler les pots avant tout achat de plantes en particulier les oliviers, les palmiers et les citronniers.

Signaler une observation

En cas d’observation répondant à tous les critères détaillés ci-avant, transmettez votre signalement potentiel de Fourmis magnum sur le site de l’État de Genève.

Lutte active

L’application de traitements chimiques classiques ne fonctionnent pas et peut-être contre-productive en éliminant les espèces locales. Ce choix ne doit se faire qu’avec l’appui scientifique de structures compétentes (Office cantonal de l’agriculture et de la nature et PIBG). En parallèle des traitements chimiques, le recours à des méthodes de lutte physique telles que le recouvrement des nids avec un apport de terre ou l’utilisation d’eau bouillante durant l’hiver ou au début du printemps peuvent être employés de manière curative.

Pour plus de précisions sur les moyens de lutte mis en œuvre à Genève, rendez-vous sur : Lutter contre la Fourmi magnum.

Références

Gouraud C. & Kaufmann B. (2022). Nouvelles observations des fourmis invasives du complexe des Tapinoma gr. nigerrimum dans le Massif armoricain. Invertébrés Armoricains 23: 23-38.