Hyménoptères

Les Hyménoptères forment l’un des ordres les plus diversifiés d’insectes. Ils se reconnaissent par leurs deux paires d’ailes membraneuses, les postérieures — plus petites — étant accrochées aux antérieures — plus grandes — par une rangée de crochets. Souvent, la base de l’abdomen est resserrée. Les espèces les mieux connues sont les guêpes, les abeilles et les fourmis.

Écologie

On rencontre les Hyménoptères, adultes comme larves, dans tous les milieux terrestres. Leurs régimes alimentaires sont très variés, bien que la plupart des lignées soient phytophages et consomment des feuilles, des fruits, du nectar, du pollen (avec un rôle important dans la pollinisation) ou du bois. De nombreux groupes sont également carnivores : ils peuvent notamment être des prédateurs actifs au stade adulte, mais surtout des lignées entières ont connu une diversification fantastique en tant que parasitoïdes d’autres arthropodes. Presque tous les insectes (larves et imagos) et même les araignées peuvent servir au développement d’une myriade d’Hyménoptères parasitoïdes. Les guêpes-coucous de la sous-famille des Chrysidinae parasitent quant à elles les couvains d’autres Hyménoptères. D’autres lignées enfin utilisent des plantes pour se reproduire, chez lesquelles elles causent le développement de galles, des déformations des tissus dans lesquelles leurs larves sont protégées. Les essences ciblées et la forme de ces galles permettent souvent l’identification de l’insecte responsable de leur formation.

Les Hyménoptères sont enfin remarquables pour les nombreux cas d’eusocialité apparus durant leur évolution. Chez les espèces eusociales, les individus vivent en colonies au sein desquelles différentes castes coexistent et qui apportent des soins à la progéniture. Ces organisations sont fréquemment apparues chez les groupes haplodiploïdes (abeilles, fourmis…), où les individus d’une colonie, essentiellement des femelles stériles, partagent trois quarts de leur patrimoine génétique avec leurs congénères.

Diversité locale

Au moins deux milliers d’espèces d’Hyménoptères doivent exister dans le bassin genevois. Le dernier travail de synthèse globale en date recense 1 858 espèces à Genève (Merz, 2012), réparties dans les super-familles suivantes :

La faune est connue de façon très hétérogène. Parmi les groupes les mieux étudiés on compte les Symphytes, les fourmis, les abeilles et les guêpes. La diversité réelle du groupe au niveau régional est probablement largement sous-estimée, en raison du manque d’étude sur des groupes très diversifiés mais peu étudiés comme les chalcidiens, parasitoïdes de petite taille. En Suisse, à une échelle où la faune est mieux connue, on décompte par exemple bien plus d’Hyménoptères que de Coléoptères ; sur Genève, les Hyménoptères représentent moins que la moitié des Coléoptères recensés.

Menaces et protection

Aucune liste rouge concernant les Hyménoptères n’existe en France. Une liste rouge des abeilles existe au niveau suisse (Amiet in Duelli, 1994), près de la moitié des espèces étant menacées. Les menaces principales pesant sur les abeilles sauvages sont la disparition des habitats et des ressources alimentaires, notamment en raison de l’intensification de l’agriculture. Il existe aussi une liste rouge des fourmis (Agosti & Cherix in Duelli, 1994) avec un gros tiers d’espèces menacées à cette échelle. Les principales menaces pesant sur les fourmis suisses sont également relatives à la perte de ces habitats, mais aussi celle des structures servant à la construction des nids (élimination des tas de cailloux, aplanissement du terrain pour les pistes de ski, etc.) ou par les perturbations mécanique directes des nids (coupes de bois, fauchage).

Étude des Hyménoptères

Méthodes

L’identification des Hyménoptères nécessite généralement la collecte d’individus et leur observation au laboratoire. Les méthodes de capture sont variées : chasse active, pièges à interception (vitre), pièges Malaise, pièges à émergence, pièges adhésifs, pièges couleur, pièges à attractifs, etc. Les groupes les plus abordables, pour lesquelles des ressources synthétiques sont accessibles, sont les Apoidea (abeilles sauvages et guêpes apoïdes) et les Vespoidea (guêpes vraies et fourmis). Plusieurs ressources permettant leur identification sont listées ci-dessous.

Dans le bassin genevois

Les collectes historiques dans la région genevoise incluent les guêpes de Louis Jurine (18 et 19^e siècles), la collection variée d’Emil Frey-Gessner (fin 19^e et début 20^e siècle), et les spécimens de Charles Ferrière, spécialiste des chalcidiens qui travaille au Muséum d’histoire naturelle de Genève puis pour le Centre international d’identification des insectes entomophages entre 1940 et les années 1970 (Hollier & Hollier, 2021). Plus récemment, les Symphytes et les fourmis (Vespoidea: Formicidae) ont été bien étudiées au niveau local (Boillat, 2010 ; Della Santa, 2012). Les abeilles (Apoidea: Apidae) et les guêpes (Vespoidea: Vespidae) sont globalement bien connues au niveau national (Amiet et al., voir bibliographie). Les études locales les plus contemporaines concernent aussi ces derniers groupes, ainsi que les abeilles apoïdes (Passaseo et al., 2020 ; Pétremand et al., 2021).

Ressources pour l’identification

Sites internet

SwissWildBeeTeam (2023). Abeilles sauvages de Suisse. Praz C. (coord.), info fauna, Neuchâtel. [site en français ; pas de clef d’identification mais portraits détaillés d’espèces fournissant des caractères d’identification]

Ouvrages

Amiet F., Herrmann M., Müller A. & Neumeyer R. (2001). Apidae 3 (Halictus, Lasioglossum). Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 6, 208 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Amiet F., Herrmann M., Müller A. & Neumeyer R. (2004). Apidae 4 (Anthidium, Chelostoma, Coelioxys, Dioxys, Heriades, Lithurgus, Megachile, Osmia, Stelis). Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 9, 274 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Amiet F., Herrmann M., Müller A. & Neumeyer R. (2007). Apidae 5 (Ammobates, Ammobatoides, Anthophora, Biastes, Ceratina, Dasypoda, Epeoloides, Epeolus, Eucera, Macropis, Melecta, Melitta, Nomada, Pasites, Tetralonia, Thyreus, Xylocopa). Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 20, 356 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Amiet F. (2008). Vespoidea 1. Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 23, 86 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Amiet F., Herrmann M., Müller A. & Neumeyer R. (2010). Apidae 6 (Andrena, Melitturga, Panurginus, Panurgus). Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 26, 318 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Amiet F., Müller A. & Neumeyer R. (2014). Apidae 2 (Colletes, Dufourea, Hylaeus, Nomia, Nomioides, Rhophitoides, Rophites, Sphecodes, Systropha). Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 4, 239 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Amiet F., Müller A. & Praz C. (2018). Apidae 1 (Apis, Bombus). Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 29, 188 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

de Beaumont J. (1964). Hymenoptera : Sphecidae. Centre Suisse de Cartographie de la Faune, Neuchâtel, Insecta Helvetica, Fauna 3, 168 pp.

Neumeyer R. (2019). Vespidae. Centre Suisse de Cartographie de la Faune & Société entomologique suisse, Fauna Helvetica 31, 384 pp. [ouvrage récent et exhaustif sur la faune suisse]

Pschorn-Walcher H. (1971). Hymenoptera: Heloridae et Proctotrupidae. Société entomologique suisse, Insecta Helvetica Fauna 4, 64 pp.

Della Santa E. (1994). Guide pour l’identification des principales espèces de fourmis de Suisse. Centre Suisse de Cartographie de la Faune, Neuchâtel, Miscellanea Faunistica Helvetiae 3, 124 pp.

Références

Agosti D. & Cherix D. (1994). Liste rouge des fourmis menacées de Suisse (pp. 45–47). In: Duelli P. Listes rouges des espèces animales menacées de Suisse. Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage, Berne, 97 pp.

Amiet F. (1994). Liste rouge des abeilles menacées de Suisse (pp. 38–44). In: Duelli P. Listes rouges des espèces animales menacées de Suisse. Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage, Berne, 97 pp.

Boillat H. (2010). Les Hyménoptères symphytes dans le Canton de Genève hier et aujourd’hui (Hymenoptera, Symphyta). CSCF, Neuchâtel, Miscellanea Faunistica Helvetiae 7, 125 pp.

Hollier J. & Hollier A. (2021). Charles Ferrière of Geneva and his contribution to biological control. Antenna 45: 190–193.

Merz B. (2012). Liste annotée des insectes (Insecta) du canton de Genève. Muséum d’histoire naturelle, Genève, Instrumenta Biodiversitatis 8, 532 pp.

Passaseo A., Bénon D., Rochefort S., Speight M. & Castella E. (2020). Abeilles sauvages et syrphes associés à des toitures végétalisées urbaines du canton de Genève. Entomo Helvetica 13: 19–30.

Pétremand G., Salzmann-Wandeler I. & Castella E. (2021). Hyménoptères Crabronidae remarquables des milieux agricoles genevois et nouvelle espèce pour la Suisse. Entomo Helvetica 14: 85–92.

Della Santa E. (2012). Superfamille Vespoidea (Formicidae) (pp. 215-216). In: Merz B. (ed.). Liste annotée des insectes (Insecta) du canton de Genève. Muséum d’histoire naturelle, Genève, Instrumenta Biodiversitatis 8, 532 pp.