Névroptères


Les Névroptères forment un ordre d’insectes à la morphologie variable, mais les adultes ont souvent des ailes membraneuses maintenues au-dessus du corps, et de longues antennes filiformes. Les larves se reconnaissent toutes à leurs pièces buccales formant des crocs suceurs. Les espèces les plus communément observées sont les chrysopes, les fourmilions et les ascalaphes.

Écologie

Les Névroptères sont trouvés dans tous les milieux terrestres : en forêt, dans les prairies, dans les zones agricoles et jusqu’aux territoires urbanisés. Quelques rares espèces sont liées aux milieux aquatiques comme les osmyles dont les larves amphibies vivent dans les mousses au bord de l’eau, et les sisyres aux larves entièrement aquatiques, consommant éponges et bryozoaires d’eau douce.

Les Névroptères sont prédateurs au stade larvaire et le restent souvent au stade adulte, et ont pour la plupart des mœurs nocturnes. Là encore, certaines exceptions existent à ce schéma général. Par exemple, les chrysopes se nourrissent plutôt de miellat au stade adulte (Devetak & Klokočovnik, 2016), et les ascalaphes sont strictement diurnes.

Les larves chassent ou consomment les adultes, larves et œufs d’autres arthropodes. Elles secrètent des enzymes pour digérer leur proie avant d’absorber le produit de l’exo-digestion par leurs crocs. Les larves d’hémérobes et de chrysopes sont notamment connues pour se nourrir de petits insectes comme les pucerons et peuvent être utilisées comme auxiliaires de culture. Certaines larves de fourmilions sont connues pour creuser des pièges à entonnoir dans les zones sableuses, quand d’autres chassent plus activement. Les larves de mantispes parasitent les sacs d’œufs de lycoses et de dolomèdes (des araignées).

Diversité locale

Seules 29 espèces sont connues sur le bassin genevois (Hollier, 2012 ; Andriollo et al., 2016 ; Brooks, 2020), réparties en 7 familles :

  • Hemerobiidae (hémérobes) : 8 espèces
  • Chrysopidae (chrysopes) : 7 espèces
  • Coniopterygidae (petits Névroptères aux ailes poudrées) : 6 espèces
  • Myrmeleontidae (fourmilions) : 4 espèces
  • Ascalaphidae (ascalaphes) : 2 espèces
  • Mantispidae (mantispes) : 1 espèce
  • Osmylidae (osmyles) : 1 espèce

Cet ordre d’insectes n’a jamais été étudié dans la région de sorte qu’il serait possible d’ajouter à ce chiffre bon nombre d’espèces, notamment chez les chrysopes et hémérobes. La famille des Sisyridae n’est officiellement pas recensée dans la région, mais la Sisyre noire Sisyra nigra — trouvée dans toute l’Europe à l’exception des péninsules méditerranéennes — est potentiellement présente.

Hémérobe phalène Drepanepteryx phalaenoides (Hemerobiidae)
CC-BY Jason R. Grant

Mantispe commune Mantispa styriaca (Mantispidae)
CC-BY-SA Théalie Dhellemmes
Chrysope Chrysopa aff. carnea (Chrysopidae)
CC-BY Tim Leilich
Hémérobe humble Micromus variegatus (Hemerobiidae), non officiellement listé pour le bassin genevois
CC-BY Mario Bassini

Menaces et protection

Aucun travail n’est disponible concernant l’état de menace des Névroptères dans le bassin genevois. Une liste rouge existe au niveau suisse et considère qu’un cinquième à un tiers de des espèces sont menacées à cette échelle (Duelli in Duelli, 1994). La principale menace identifiée est la disparition des habitats propices au développement de certaines espèces. C’est notamment le cas pour celles associées aux cours d’eau naturels (osmyles et sisyres), celles indicatrices des prairies maigres, des boqueteaux ensoleillés et des lisières étagées (ascalaphes, nombreux hémérobes, chrysopes et Conioptérygidés) ou encore celles dépendant de micro-habitats très particuliers (comme le Fourmilion panthère Dendroleon pantherinus).

Étude des Névroptères

L’observation directe de Névroptères peut être faite de manière opportuniste dans les milieux naturels, éventuellement autour des éclairages nocturnes où viennent chrysopes et fourmilions à la belle saison. Leur étude par les spécialistes peut passer par l’échantillonnage à l’aide de dispositifs lumineux, à interception, Malaise, ou par fauchage de la végétation.

L’identification des Névroptères sur la base de la morphologie externe est aisée pour les adultes des ascalaphes et les fourmilions. Des clefs d’identification existent aussi pour leurs larves (voir les Ressources pour l’identification), mais ce travail nécessite une observation à la binoculaire. Le seul osmyle d’Europe se reconnaît facilement. Une seule mantispe, Mantispa styriaca, est recensée dans le bassin genevois mais d’autres espèces existent en Europe, dont M. aphavexelte signalée de Neuchâtel qui se distingue par quelques caractères morphologiques externes (Schertenleib & Haenni, 2002 ; Niehuis et al., 2014 ; Letardi, 2018). Les autres groupes de Névroptères (hémérobes, chrysopes et Conioptérygidés) sont d’identification délicate et nécessitent un examen poussé. Chez les chrysopes, l’identification robuste peut même passer par l’analyse du « chant de cour » (une vibration de l’abdomen percutant le substrat) produit durant la parade nuptiale.

Ascalaphe soufré Libelloides coccajus (Ascalaphidae)
CC-BY-NC Roland Godon

Larve de Chrysope Chrysopa sp. (Chrysopidae)
CC-BY Alexis Lours
Fourmilion commun Myrmeleon formicarius (Myrmeleontidae)
CC-0 Rübezahl
Hémérobe brillant Hemerobius micans (Hemerobiidae), non officiellement listé pour le bassin genevois
CC-0 Gilles San Martin

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Ressources pour l’identification

Sites Web

Oswald J.D. (ed.). Lacewing Digital Library (https://lacewing.tamu.edu). [site en anglais compilant toute la littérature existante sur les Névroptères]

Publications spécialisées

Aspöck H., Hölzel H. & Aspöck U. (2001). Kommentierter Katalog der Neuropterida (Insecta: Raphidioptera, Megaloptera, Neuroptera) der Westpaläarktis. Denisia 2: 1-606. [vue d’ensemble de la taxinomie et de la faunistique des Névroptères du Paléarctique occidental ; d’intérêt modéré pour l’identification]

Badano D. & Pantaleoni R.A. (2014a). The larvae of European Myrmeleontidae (Neuroptera). Zootaxa 3796(1): 1-71. [identification (en anglais) des larves de fourmilions]

Badano D. & Pantaleoni R.A. (2014b). The larvae of European Ascalaphidae (Neuroptera). Zootaxa 3796(2): 287-319. [identification (en anglais) des larves d’ascalaphes]

Berland L. (1962). Atlas des Névroptères de France, Belgique, Suisse. Mégaloptères, Raphidioptères, Névroptères Planipennes, Mécoptères, Trichoptères. Éditions N. Boubée & Cie, Paris VIe, Nouvel Atlas d’Entomologie 5, 158 pp. [identification (en français) de beaucoup d’espèces au stade adulte ; accessible mais datée, voir seconde édition plus bas]

Kleinsteuber E. & Röhricht W. (2011). Neuroptera [Planipennia] — Echte Netzflügler (pp. 304–313). In: Klausnitzer B., Hannemann H.J. & Senglaub K. (eds.). Exkursionsfauna von Deutschland. Elsevier, Spektrum Akademischer Verlag, Heidelberg. [clefs générales (en allemand) des familles et genres, parfois espèces, pour les larves et les adultes]

Letardi A. (2018). Atlante fotografico dei Neuropterida della fauna italiana (versione online 1.3). Agenzia nazionale per le nuove tecnologie, l’energia e lo sviluppo economico sostenibile, Rome, 208 pp. [identification (en italien) des Névroptères, Mégaloptères et Raphidioptères d’Italie]

Mazel R., Canard M. & Thierry D. (2006). Clés synoptiques des Chrysopidae de France (Neuroptera). R.A.R.E. 15(1): 29-45. [identification (en français) des chrysopes adultes]

San Martin G. (2004). Clé de détermination des Chrysopidae de Belgique. Jeunes & Nature, Wavre, 44 pp. [identification (en français) des chrysopes adultes]

Séméria Y. & Berland L. (1988). Atlas des névroptères de France et d’Europe – Nouvelle édition revue et augmentée. Éditions N. Boubée, Paris, 190 pp. [identification (en français) de beaucoup d’espèces au stade adulte ; plus récent que l’édition de 1962 mais la nomenclature reste obsolète]

Références

Andriollo T., Blanc M., Schönbächler C. & Hollier J. (2016). Données nouvelles de fourmilions (Neuroptera, Myrmeleontidae) pour le bassin genevois. Entomo Helvetica 9: 13–18.

Brooks T. (2020). Observations iNaturalist no 52673737 et no 58137845. Consulté en avril 2023.

Devetak D. & Klokočovnik V. (2016). The feeding biology of adult lacewings (Neuroptera): a review. Trends in Entomology 12: 29–42.

Duelli P. (1994). Liste rouge des névroptéroïdes menacés de Suisse (pp. 64–65). In: Duelli P. Listes rouges des espèces animales menacées de Suisse. Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage, Berne, 97 pp.

Hollier J. (2012). Ordre Neuroptera (pp. 198-199). In: Merz B. (ed.). Liste annotée des insectes (Insecta) du canton de Genève. Muséum d’histoire naturelle, Genève, Instrumenta Biodiversitatis 8, 532 pp.

Letardi A. (2018). Atlante fotografico dei Neuropterida della fauna italiana (versione online 1.3). Agenzia nazionale per le nuove tecnologie, l’energia e lo sviluppo economico sostenibile, Rome, 208 pp.

Niehuis M., Blanke A. & Peters R.S. (2014). Der Verwechselte Fanghaft (Mantispa aphavexelte U. Aspöck et H. Aspöck, 1994) in Rheinland-Pfalz nachgewiesen (Neuroptera: Mantispidae). Fauna Flora Rheinland-Pfalz 12(4): 1393–1402.

Schertenleib A. & Haenni J.-P. (2002). Un individu de Mantispa aphavexelte Aspöck & Aspöck trouvé en Suisse (Planipennia, Mantispidae). Bulletin Romand d’Entomologie 20: 29–35.