Étude des Coléoptères aquatiques et de leurs habitats dans le bassin genevois
Démarche
Depuis 2023, le Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHNG) et le Pôle invertébrés du bassin genevois (PIBG) collaborent pour évaluer l’état des milieux aquatiques de la région à travers l’étude des Coléoptères aquatiques. Ces insectes, sensibles aux variations environnementales, fournissent des informations précieuses sur la qualité écologique de leurs habitats.
Le projet repose sur une méthodologie standardisée basée sur l’indicateur IcoCAM (Indicateur composite Coléoptères Aquatiques des Mares), permettant d’établir des liens entre la diversité des espèces, les paramètres environnementaux et la gestion des milieux aquatiques. Ces travaux visent à :
- Documenter la diversité des Coléoptères aquatiques à l’échelle du bassin genevois ;
- Identifier les facteurs influençant leur présence, leur répartition et leur abondance ;
- Proposer des recommandations pour améliorer et préserver les habitats aquatiques.
Plus d’une centaine de sites, du Léman aux petites étangs en passant par les réserves naturelles de plaine ou les mares de montagne, seront à terme prospectés.
Contexte écologique
Le bassin genevois, bien que riche en zones humides, est soumis à des pressions croissantes telles que l’urbanisation, l’agriculture intensive et le changement climatique. Ces facteurs influent sur la qualité biologique des milieux aquatiques, en dégradant leur capacité d’accueil à une diversité biologique diversifiée, ou allant jusqu’à leur assèchement ou leur destruction.
Les Coléoptères aquatiques, par leur dépendance à des habitats spécifiques (végétation immergée, bois mort, qualité chimique des eaux), offrent une vision globale des impacts sur ces écosystèmes. En étudiant leurs communautés, le projet permet de dresser un état des lieux précis des sites étudiés, d’évaluer leur potentiel d’accueil et d’orienter leur gestion.
Méthodologie
En 2023, 35 sites ont été prospectés, représentant une large diversité de milieux aquatiques du bassin genevois. Chaque site a été visité deux fois, au printemps et à la fin de l’été, pour recenser la faune présente à différents moments de l’année.
Les approches utilisées incluent :
- Capture active : collecte des spécimens à l’aide de filets et d’épuisettes ;
- Pièges à appâts : utilisés pour capturer les espèces carnivores ;
- Relevés environnementaux : mesure de paramètres physico-chimiques tels que pH, température, profondeur, et analyse des nutriments (phosphore, azote) ;
- Relevés de la végétation et des différents compartiments écologiques.
Les spécimens collectés ont été préparés, identifiés, et intégrés dans les collections du MHNG. Les données alimentent les bases de données régionales et nationales, en Suisse et en France.
Premiers résultats
Les résultats les plus saillants pour la première année de mise en œuvre ont été :
- Diversité observée : 6 300 spécimens, représentant 101 espèces, ont été collectés. Certains sites comptaient jusqu’à 36 taxons.
- Sites les plus diversifiés :
- Chavannes-de-Bogis, Bataillards (VD)
- Perrignier, La Tuilerie (74)
- Laconnex, Réserve naturelle de Laconnex (GE)
- Meyin, Marais de Mategnin (GE)
- Espèces remarquables :
- Hydrophilus piceus, redécouvert après plusieurs décennies sans observation.
- Helophorus strigifrons et Ilybius quadriguttatus, nouveaux pour la région.
- Espèces rares comme Hygrobia hermanni et Stictotarsus duodecimpustulatus.
Certains sites, affectés par des conditions défavorables (manque d’eau, pollution), présentaient une diversité très faible, parfois inférieure à cinq espèces.
Perspectives
La deuxième année du projet prévoit :
- Échantillonnage supplémentaire : 32 nouveaux sites seront ajoutés à l’étude ;
- Amélioration des méthodes : les défis rencontrés en 2023, comme les faibles niveaux d’eau, serviront à affiner les protocoles d’échantillonnage ;
- Implémentation de la méthode IcoCAM : sur la base des collectes de 2023, les premières analyses site par site pourront être implémentées ;
- Renforcement de l’équipe : deux stagiaires viendront soutenir les campagnes de terrain.