Vers plats terrestres invasifs


Depuis les années 2010, plusieurs espèces de vers plats exotiques de la famille des Geoplanidae ont été introduites en Europe occidentale à cause du commerce de plantes. Ces vers sont prédateurs de petits invertébrés, et peuvent pulluler dans les jardins et les jardineries. Leur arrivée en Suisse a été détectée plus tard que dans les pays voisins.

Biologie

Cinq espèces invasives de la famille des Geoplanidae seraient connues de Suisse (Kittl, 2023), dont :

  • Obama nungara, originaire d’Argentine, trouvé à Genève (Justine et al., 2020) et à Ville-la-Grand (Haute-Savoie) ; une espèce assez variable en couleur, souvent marron, avec des marbrures, mais parfois presque noire et toujours plus claire sur sa face ventrale
  • Diversibipalium multilineatum, originaire du japon, connu du Tessin (Justine et al., 2018), de Bâle et de Zurich ; une espèce avec une « tête » en forme de marteau et un motif en point d’exclamation dessus
  • Caenoplana variegata (ou C. bicolor), originaire d’Australie et de Nouvelle-Zélande (Kittl, 2023) ; une espèce sombre avec une bande jaune au milieu du dos, parcourue de deux fines lignes noires

D’autres espèces, comme Parakontikia ventrolineata ou Humbertium covidum, sont connues de régions voisines en France et en Italie et pourraient bientôt faire leur apparition dans le bassin genevois. Des espèces de vers plats libres indigènes vivent aussi dans la région ; il existe des ressources en ligne pour leur identification.

Ces vers apprécient l’humidité et restent généralement dans la litière ou dans l’humus ; ils trouvent souvent refuge sous les rochers, dans les zones moussues où ils trouvent des proies, sous les écorces, les branches, etc. Il est possible de les observer en disposant volontairement de tels abris (mais aussi des planchettes, un carton ondulé, etc.) dans les zones où ils sont installés.

Impacts

Les vers plats terrestres invasifs consomment toute sorte d’invertébrés indigènes. L’espèce la plus commune, O. nungara, est plutôt spécialisée dans la chasse aux vers de terres et se nourrit aussi de mollusques (limaces, escargots). Il en va de même pour D. multilineatum et les espèces du genre Bipalium. À l’inverse, C. variegata est plutôt prédateur de cloportes.

Moyens de lutte

Il est possible d’utiliser de l’eau savonneuse ou de l’eau bouillante pour limiter les infestations. Toute observation devrait idéalement faire l’objet de bonnes photographies avant d’être transmise à un spécialiste. Pour la France, la page Que faire si je trouve un Plathelminthe? fournit des conseils en pareil cas. Côté suisse, le Cercle exotique propose un document en ligne à l’intention des entreprises horticoles.

Références

Justine J., Winsor L., Gey D., Gros P. & Thévenot J. 2018. Giant worms chez moi! Hammerhead flatworms (Platyhelminthes, Geoplanidae, Bipalium spp., Diversibipalium spp.) in metropolitan France and overseas French territories. PeerJ 6: e4672.

Justine J., Winsor L., Gey D., Gros P. & Thévenot J. 2020. Obama chez moi! The invasion of metropolitan France by the land planarian Obama nungara (Platyhelminthes, Geoplanidae). PeerJ 8: e8385.

Kittl B. 2023. D’où viennent les vers plats qui dévorent les vers de terre dans les jardins? Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), DIAGONALE – le magazine du WSL 2: 24.